Bienvenue à tous!

Ce blog naît dans le but d’encourager les échanges d’informations pratiques et scientifiques (opinions, communication des colloques, publications, etc.) entre les doctorants, les professeurs et tous les intéressés : nouvelles sur l’Ecole d’été à RomaTre, organisation de la conférence de 2010 par les doctorants Marie Curie et naturellement conseils pratiques concernant la vie dans les différentes destinations.
Tout le monde est invité à y contribuer dans n'importe quelle langue.

12/11/2008

Scuola invernale 2009: alcuni dettagli














Dove:

Harnack Haus, Berlin, Deutschland
http://www.harnackhaus-berlin.mpg.de/

Quando:
5-8 febbraio 2009
Arrivo giovedì sera e partenza domenica.

Tema:
I differenti approcci teorici e metodologici applicabili nella
stesura della tesi di dottorato.

15/10/2008

Une chaire "Cultures juridiques européennes", la chaire Yan Thomas

Risale a settembre, ma pubblichiamo solo ora sul blog l'articolo che la "Présidente" dell'EHESS, Danièle Hervieu-Léger, ha scritto in ricordo di Yan Thomas. Erudizione, intelligenza, apertura mentale, gusto per la comunicazione e senso dell'amicizia sono, ancora una volta, i tratti della sua personalità che emergono con forza. Questo articolo però ci riguarda ancora più da vicino perché propone di proiettare quel fortissimo legame che il Prof. Thomas aveva instaurato con il Dottorato Europeo, di cui era stato l'ideatore, verso il futuro, attraverso la creazione di una cattedra in "Culture giuridiche europee": la cattedra Yan Thomas.


Editorial par Danièle Hervieu-Léger (Présidente de l'EHESS):


Notre collègue Yan Thomas était entré à l'hôpital le 10 septembre. Son décès, le 11 septembre, nous a tous bouleversés, et nous commençons seulement à mesurer le vide que sa disparition laisse au sein de notre communauté. Nous connaissions sa personnalité flamboyante, la clarté de sa parole, sa passion inquiète pour la connaissance conquise sur toutes les facilités de pensée, son étonnante érudition, sa pugnacité intellectuelle. Nous l'aimions pour son goût de la communication et de l'échange, de la controverse aussi. Nous savions sa fidélité en amitié.

Yan Thomas était de ceux pour qui la rigueur attachée à l'exercice du métier de chercheur relève de l'engagement moral et politique, autant qu'intellectuel. La précision du raisonnement, le refus des évidences spontanées, la méticulosité attachée au démontage des procédures les plus concrètes afin de rendre visible, à travers elles, le façonnement des sociétés par le droit : ces exigences du travail d'élucidation qu'il poursuivait inlassablement - entre l'Antiquité et les enjeux les plus contemporains du droit - étaient bien plus pour lui que des impératifs de méthode: elles étaient un principe de vie. Et c'est cette règle de vie qu'il entendait transmettre, autant que son immense savoir, à ses étudiants.

Ceux-ci venaient de toute l'Europe pour entrer, à sa suite, dans l'intelligence de l'histoire comparée des cultures juridiques, en apprenant à travailler, à raisonner et à débattre dans plusieurs langues. Le doctorat européen qu'il a créé et qu'il a porté à bout de bras pendant toutes ces dernières années, est devenu une référence à l'échelle du continent. Continuer à faire vivre cette entreprise qu'il a inspirée et portée avec une immense générosité est le premier des hommages que nous lui devons.

C'est pourquoi il nous apparaît urgent de mettre en œuvre dès maintenant un projet que nous avions esquissé avec lui, il y a très peu de temps: celui de créer à l'École une chaire « Cultures juridiques européennes », dont le titulaire changerait tous les ans et qui permettrait de renforcer encore le caractère résolument international de cette formation doctorale. La création de cette chaire est devenue aujourd'hui une nécessité pour l'avenir du doctorat et un devoir de fidélité pour nous. Ce projet sera présenté à nos instances dans les prochaines semaines et soumis à notre Assemblée avant la fin de l'année. En même temps que la proposition de donner à cette chaire le nom de Yan Thomas.

Il testo, disponibile online all'indirizzo http://actualites.ehess.fr/nouvelle3094.html, è stato pubblicato anche come editoriale nel numero di ottobre de "La lettre de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales" (n° 20, octobre 2008), consultabile anch'essa online: http://actualites.ehess.fr/lettres/lettre.html

Yan Thomas: il ricordo degli amici e colleghi del CENJ

Le centre d'étude des normes à l'extrême tristesse de vous annoncer le déces de Yan Thomas.

Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Yan Thomas est mort le 11 septembre 2008, à l’âge de 65 ans, d’un accident consécutif à une opération chirurgicale. Sa disparition n’est pas seulement cruelle pour la communauté des juristes dont il était l’un des plus éminents représentants, mais pour l’ensemble du monde intellectuel français et international, dont il était l’une des figures les plus rares et inventives. Né le 9 février 1943 à Alger, Yan Thomas a d’abord été magistrat, vice-consul en Inde, puis professeur agrégé d’histoire du droit à l’Université de Rouen, après avoir soutenu une thèse de doctorat sur la notion de cause en droit romain. C’est à cette dernière discipline qu’il s’est alors consacré avec passion, pour le conduire à être reconnu internationalement comme l’un des plus savants spécialistes du monde romain. Mais le travail de Y. Thomas est allé bien au-delà d’une connaissance intime et érudite d’une source antique et médiévale du droit occidental, même si son activité de recherche, notamment à l’Ecole française de Rome, a permis de découvrir des textes majeurs du corpus de droit romain. En effet, aussi bien dans ses ouvrages et ses très nombreux articles qu’au sein de ses séminaires de l’EHESS où il a été élu en 1989, ce qui éblouissait le lecteur ou l’auditeur était l’extrême intelligence, la finesse et la profondeur historique, anthropologique, philosophique et politique des interprétations qu’il dégageait de ces textes, afin de les mettre au service de la compréhension de la pensée juridique contemporaine et de son aptitude à répondre aux questionnements juridiques, politiques et moraux d’aujourd’hui. La très grande force de l’œuvre intellectuelle de Yan Thomas, c’est qu’elle se refuse à prendre position sur des contenus de politique normative comme c’est souvent trop le cas chez les juristes (faut-il être pour ou contre l’avortement, l’euthanasie, le mariage homosexuel, etc), mais qu’elle s’affirme avant tout comme une méthode d’analyse casuistique des textes et des discours, permettant de mieux comprendre quelles sont les formes mentales spécifiques du raisonnement et de la pensée juridique. Ce qui est en effet au cœur de la pensée de Y. Thomas, c’est la conviction qu’il y a une culture spécifiquement juridique, une façon particulière du juriste d’agir sur le monde en le traduisant dans les catégories propres du droit, ou plus exactement en construisant un monde juridique composé d’éléments conceptuels fictionnels élaborés par l’art du droit. Dans un dialogue constant avec d’autres disciplines comme l’anthropologie, la sociologie, la philosophie politique et morale, Yan Thomas a ainsi éclairé avec fulgurance des sujets aussi divers que la filiation, la cité, la souveraineté, la dignité, l’aveu, etc. C’est plus particulièrement au sein du Centre d’étude des normes juridiques de l’EHESS, dont il a été le fondateur et le directeur, que cette rencontre entre le droit et les autres sciences sociales s’est actualisée. Elle a ainsi donné naissance à une communauté sans cesse croissante de chercheurs français et étrangers convaincus de l’extrême fécondité d’une démarche intellectuelle qui, dans la personne de Yan Thomas, s’associait à un « style » éminemment séduisant, où le brio et la qualité de l’expression, l’exigence intellectuelle, la passion enthousiaste le disputaient à la modestie, à l’écoute d’autrui, à l’amour pour la controverse, à la gentillesse et, aussi, à la force des convictions républicaines. C’est d’ailleurs à la formation d’une telle communauté qu’il s’est plus particulièrement attaché ces dernières années, en consacrant ses efforts à la création et à la direction d’une très rare formation doctorale européenne en histoire, philosophie, anthropologie et sociologie du droit, qui permet à des étudiants provenant de tous les continents et triés sur le volet, d’apprendre à construire leur pensée dans la confrontation à des intellectuels issus de cultures juridiques différentes. A tous égards, la disparition de Yan Thomas apparaît ainsi comme une perte immense pour l’intelligence.
Olivier Cayla, Jacques Chiffoleau, Marie-Angèle Hermitte, Paolo Napoli, Centre d’étude des normes juridiques de l’EHESS.
http://cenj.ehess.fr/

11/10/2008

Scuola invernale: errata corrige


Dall'idilliaco isolamento di Schloss Ringberg alla frenesia della capitale: la Scuola invernale si svolgerà, a quanto pare, a Berlino anziché in Baviera.
Lettura consigliata per prepararsi all'evento:
Wladimir Kaminer, "Ich bin kein Berliner. Ein Reisefuehrer fuer faule Touristen", Goldmann Verlag: Muenchen, 2007.
Ulteriori informazioni saranno disponibili sul blog non appena verranno comunicate.

26/09/2008

CONFERENZA 2010: primi passi

Dopo un intenso "brainstorming", che ha avuto luogo nel corso dell'ultima giornata della Scuola estiva di Roma, i dottorandi si sono accordati su alcuni punti da cui partire per l'organizzazione della conferenza affidata alla loro esclusiva responsabilità a conclusione del percorso di studi del Dottorato europeo.
Alla luce della tragica scomparsa del Prof. Yan Thomas, è stata più volte avanzata l'ipotesi non solo di dedicare la conferenza alla sua memoria, ma di incentrarla su tematiche a lui particolarmente care, come quella della "fictio iuris" o di invitare esclusivamente studiosi con i quali abbia condiviso la sua attività di ricerca. Infine si è optato per una conferenza che tenti di rispecchiare il suo peculiare approccio alla storia giuridica, con una particolare attenzione, dunque, all'interdisciplinarietà e all'"archéologie des questions", alla ricostruzione storica cioè, innanzitutto, dei problemi giuridici.
Alcuni hanno quindi proposto di dedicare la conferenza al tema dell'"universalism", altri, sulla base anche della particolare formula del dottorato, a quello dell'"universitas". Altri ancora alle tematiche educative dell'Unione Europea, altri, infine, a cercare di venire incontro a ciò che probabilmente i nostri interlocutori si aspettano dai noi, tentando di descrivere quella che è stata la nostra esperienza negli anni di dottorato, cosa abbiamo imparato in questi anni sulle culture giuridiche europee.
Un primo punto di accordo si è quindi raggiunto nell'elaborazione del titolo provvisorio: "Legal reasoning and social sciences".
Il diritto, nei suoi vari rapporti con le altre discipline oggetto del dottorato, sarà in ogni caso al centro della riflessione.
Parigi, prima candidata come sede della conferenza, è stata infine scartata, ma sarà a Parigi che tutti i dottorandi (o, in alternativa, un piccolo gruppo di rappresentanti), si riuniranno con tutta probabilità a fine novembre per fare il punto della situazione.
La forma della conferenza ("format"), costituisce ancora un problema irrisolto. Molte sono state le proposte, come quella di invitare dei giuristi per verificare il loro punto di vista, ad esempio, sull'antropologia, o invitare un antropologo per ascoltare il suo punto di vista sul diritto. Alcuni hanno proposto di invitare studiosi affermati, altri giovani ricercatori, altri ancora di organizzare sessioni separate per i due gruppi. Un accordo per il momento non è stato però raggiunto. Per questo è stato nominato un responsabile, Pierre Thévenin, a cui inviare eventuali idee e suggerimenti proprio in relazione al "format".

Luogo: Leuven (Belgio).

Data: Inizio Marzo 2010.

Durata: 3 giorni (probabilmente dal giovedì al sabato).

Titolo (provvisorio): "Legal reasoning and social sciencies".

Gruppi di lavoro per materia (premesso che al centro degli interessi di ciascun gruppo è posto il DIRITTO):
1) Storia (History):
Pablo Avilès Flores; Wim Decock; Silvia Falconieri; Stefania Gialdroni; Sebastian Provvidente; Magda Shusterova;
2) Filosofia (Philosophy):
Stefanie Guentner; Hent-Raul Kalmo; Pierre Thévenin; Wu Tzung-Mou;
3) Sociologia, Antropologia ed Economia (Sociology, Anthropology and Economics):
Charles De Froment; Francesca Ferrari; Florian Schmidt-Gabain; Rodrigo Mìguez; Eliardo Teles.

A ciascun gruppo spetta il compito di proporre una serie di argomenti ("guidelines" o "topics") da coordinare e quindi sviluppare all'interno della conferenza. Il lavoro di ciascun gruppo potrebbe confluire in quattro sottotitoli da aggiungere al titolo della conferenza.

Coordinatori dei singoli gruppi:
Storia: Stefania Gialdroni; Filosofia: Wu Tzung-Mou; Sociologia, Antropologia ed Economia: Charles De Froment.

Coordinatore generale (con particolare riguardo alla "location"): Wim Decock.

Responsabile della raccolta delle proposte sul tema specifico delle modalità di svolgimento ("format"): Pierre Thévenin

24/09/2008

Winter School 2009


Dear all,

ecco qualche informazione sulla "Scuola invernale" prevista quest'anno per la prima volta nel bellissimo castello bavarese di Ringberg, luogo privilegiato per gli incontri organizzati dalla Max-Planck Gesellschaft (ovvero "Tagungstaette", parola intraducibile nel talvolta troppo prolisso italiano, temo).
Dalla caldissima Roma di inizio settembre alla (molto probabilmente) freddissima Baviera di gennaio, non sarà solo la "scenografia" dell'incontro a cambiare radicalmente rispetto a quello della Scuola estiva, ma anche la formula che, stando ad una prima descrizione fornitaci in occasione dell'incontro romano appena conclusosi, dovrebbe avere le seguenti caratteristiche:

Luogo: Schloss Ringberg, 50 Km a sud di Monaco di Baviera, adagiato su di una collina con vista sul Tegernsee (http://www.schloss-ringberg.de/).

Data provvisoria: Gennaio/Febbraio 2009

Finalità: Approfondire il problema del "metodo": come predisporre il piano della tesi dottorale, come redigere la bibliografia, come far convergere discipline e metodi differenti, come reperire e soprattutto come gestire le fonti.

Non si tratterà dunque per i dottorandi (come era stato in occasione delle due Scuole Estive precedenti) di presentare i risultati del proprio lavoro e di affrontare i commenti di uno studioso esperto della materia, quanto di discutere problematiche di carattere metodologico.

Commenti, idee, critiche, sono, come al solito, benvenuti. Uno degli scopi di questo blog dovrebbe essere, infatti, quello di permettere una migliore organizzazione della prossima "Winter School".

23/09/2008

Il lungo addio al Prof. Yan Thomas

A 22 giorni dalla morte improvvisa del Prof. Yan Thomas, continuano a susseguirsi le manifestazioni di cordoglio di chi ha avuto il privilegio di conoscerlo, di apprezzarlo come "grand maître du droit" ma anche e soprattutto come insostituibile amico:

Emanuele Conte (Prof. Université RomaTre):
"Yan Thomas è morto a Parigi nella notte fra il 10 e l’11 settembre", Forum Historiae Iuris, http://www.rewi.hu-berlin.de/online/fhi/index_de.htm

Yan Thomas è morto a Parigi nella notte fra il 10 e l’11 settembre. Da qualche tempo era afflitto da problemi di salute, dei quali soffriva con compostezza, lamentandosi semmai qualche volta soltanto perché la fatica fisica gli impediva di dedicarsi agli studi come avrebbe voluto.

Negli ultimi anni, oltre alla sofferenza fisica, anche un impegno amministrativo gli aveva sottratto tempo per concludere i libri che aveva già nel cassetto da anni. Dirigeva infatti un dottorato sulle Culture giuridiche europee che raccoglieva intorno all’Ecole des Hautes Etudes di Parigi istituzioni importanti di quattro Paesi europei, e si occupava della formazione dottorale di giovani provenienti da ben dodici nazioni diverse, impegnati in una sorta di “grand tour” che in tre anni li porterà a vivere in tre grandi nazioni europee.

Come ogni anno, avrebbe dovuto lavorare con i suoi dottorandi durante una settimana di studi a Roma, e soltanto all’ultimo momento aveva dovuto cancellare la sua partecipazione per sottoporsi a Parigi all’operazione chirurgica che non è riuscito a superare.

I suoi amici e i suoi allievi, riuniti a Roma, hanno dunque ricevuto insieme la terribile notizia: la morte di Yan Thomas ci toglie per sempre uno studioso di eccezionale acutezza, ma anche un amico e un maestro insostituibile.

Yan era un uomo appassionato dei suoi studi, certo, ma anche delle persone – studenti o colleghi – che lavoravano con lui. Questa passione profondamente umana, questa curiosità per l’intelligenza altrui gli conferivano una personalità magnetica, dalla quale sono rimasti affascinati moltissimi di quelli che lo hanno conosciuto.

Intorno a lui si verificava così il miracolo di riportare la storia del diritto al centro degli interessi di tante discipline diverse e lontane fra loro nell’accademia. Grazie ai suoi scritti e ai suoi seminari, giuristi e teorici del diritto; filosofi e sociologi; antropologi e storici scoprivano che il diritto e la sua storia sono protagonisti a pieno titolo della civiltà occidentale. Yan ha saputo rompere l’isolamento nel quale la storia del diritto ha vissuto per decenni, ha saputo uscire da quell’”hortus conclusus” di cui discutevano, mezzo secolo fa, i maestri dei nostri maestri. L’orto di Yan non è mai stato chiuso: fecondato da mille semi diversi vedeva crescere piante ibride, ma originali, resistenti, belle.

Ci restano i suoi articoli, i libri che ha pubblicato e quelli che aveva consegnato agli editori e che speriamo di leggere presto. Ci resta l’entusiasmo che ci ha comunicato e il coraggio di tentare strade nuove della ricerca. Ma per sempre abbiamo perso il suo sguardo penetrante, le sue espressioni perfettamente tagliate, la sua ironia, la sua passione. Yan ci mancherà. Ci mancherà irrimediabilmente.

Emanuele Conte, 15 settembre 2008



Marcela Iacub (chercheure au CNRS):
"Yan Tomas, la mort d'un grand maître du droit", Libération, mardi 23.09.2008

Yan Thomas, le grand juriste, spécialiste de droit romain et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales qui, depuis quelques décennies renouvelait l’approche du droit, est mort. Il ne s’est pourtant pas éteint à la suite d’une longue maladie qui nous eût laissé le temps de nous préparer. Il nous a été brutalement arraché par un accident postopératoire, alors qu’il se préparait à rassembler ses articles dans des ouvrages qui lui eussent enfin acquis une notoriété publique à la mesure de l’importance de son œuvre.

Car celle-ci est aujourd’hui dispersée dans des revues spécialisées où sont parues des séries d’articles qui sont autant de chefs-d’œuvre de style et de science, qui ont su trouver une très large audience dans un public savant fort varié, allant de l’histoire du droit à la philosophie, en passant par l’anthropologie et les sciences politiques.

Depuis quelques années, une rumeur se faisait de plus en plus insistante : un immense spécialiste de droit romain était en train non seulement de renouveler entièrement l’approche du droit, en la remettant au cœur des interrogations anthropologiques les plus fondamentales (qu’est-ce que naître ? qu’est-ce que mourir ? qu’est-ce qu’hériter ? qu’est-ce qu’une chose ?), mais encore de bouleverser l’image des sciences humaines dans leur ensemble, offrant peut-être une solution à ce qui semble être leur crise contemporaine. Tristesse des générations sans maître, disait Gilles Deleuze. Mais il faut aussi savoir chercher ses maîtres.

Yan Thomas était un maître, et d’autant plus qu’il ne le voulait pas. Maître réticent, contrarié, humoriste, défiant, mais maître authentique. L’œuvre de Yan Thomas se caractérise par une unique alliance de la fantaisie et de la rigueur. Il mit l’esprit de géométrie le plus intraitable, les qualités de précision et de clarté les plus évidentes, la sévérité dans l’érudition la plus hyperbolique (il eût sacrifié sa vie à l’exactitude d’une référence dans une note en bas de page), au service d’un étrange théâtre où son imagination et son audace théorique se plaisaient à camper les situations les mieux à même de susciter notre stupeur poétique ou métaphysique.

Il nous apprit que ces créatures sèches et discrètes que sont les normes juridiques peuvent, si l’on sait s’y prendre, dévoiler les plus grands mystères, aider à résoudre les énigmes les plus obscures. Ainsi, à travers l’analyse qu’il faisait de la manière dont les Romains avaient organisé le droit des tombeaux, Yan Thomas amenait son lecteur à changer profondément ses représentations du temps et de la mort.

Révélant, à travers ses études sur le droit romain de la famille, que celui-ci s’était constitué d’une manière parfaitement indépendante de toute idée de nature (au point d’autoriser que l’on adopte plus vieux que soi, que l’on naisse d’un mort, etc.), il montrait que nous pouvions nous sentir libres d’inventer aujourd’hui des formes de sociabilité et de parenté entièrement nouvelles. Mais dans le même temps, il nous fit comprendre que le droit, que nos contemporains regardent comme un outil assujetti à notre volonté politique ou morale, a en réalité une logique propre, une vie qui nous échappe, et que non seulement nous ne créons pas notre droit, mais que c’est lui qui nous crée.

Yan Thomas savait montrer que les idées que nous nous faisons de la paternité, de la nature des choses, des personnes, du temps, du corps, ont été bien souvent mises en place dans d’obscures dispositions du droit de l’Antiquité. Loin donc de n’être que censure, frein ou épée menaçante, le droit est bâtisseur et organisateur de la trame anthropologique dans laquelle nous vivons.

Cette puissance, Yan Thomas nous montra que le droit la devait à ce qu’il a à faire à cet élément qui est l’objet de prédilection des sciences humaines : le pouvoir. Mais, au lieu de s’épuiser à traquer cette gorgone dans les regards, les mots, les structures économiques ou les théories médicales, comme le firent des générations de chercheurs, il suggéra de se pencher sur les règles de procédure pénale, sur les techniques judiciaires d’extraction des aveux, sur les règles de représentation privée, bref, sur ce monde bien visible que nous avons l’habitude de considérer comme une superstructure ou un faux-semblant.

L’œuvre de Yan Thomas non seulement a jeté un regard neuf sur le droit, redonnant tout son intérêt à cette discipline souvent perçue comme ingrate, mais il ouvre des perspectives tout à fait nouvelles sur l’ensemble des sciences humaines, dont la portée ne cessera, j’en suis sûr, de s’imposer dans les années à venir. On comprend qu’une disparition si brusque ne saurait être paisible. Comment peut-on se résigner à ce qu’un tel esprit cesse aussi brutalement de poser son regard sur le monde ? Comment peut-on accepter que cette pensée qui n’avait nullement fini de se déployer soit soudain abattue ?

Certes, il nous reste son œuvre, cette œuvre qu’il faut désormais publier. Je veux croire qu’ainsi il sera un peu moins mort et personne ne m’enlèvera cette idée farfelue de la tête. Comment se consoler autrement de la perte d’un esprit au sommet de sa puissance ? Nous qui avons connu et aimé Yan Thomas dans sa personne savons tout ce que nous perdons avec lui. Mais un auteur est un peu comme le roi tel que le décrit Kantorowic dans les Deux Corps du roi (ce livre qu’il aimait tant), et une partie de lui est à l’épreuve de la mort. Les générations à venir devront se contenter de cette part, qui continuera, j’en suis certaine, à agir sur leurs esprits avec la même puissance d’éveil qu’il a exercé sur le nôtre.

On n’a pas fini de lire Yan Thomas.